dimanche 22 novembre 2015

La fleur, le fusil, le drapeau, et la plume.... et le devoir de comprendre

La semaine qui s'achève a été riche en événements, informations, actions, réactions et commentaires.
Agir, réagir, commenter ou comprendre.... Tout un programme !
Mais au préalable, une fleur, toujours présente ou plutôt renaissante en ces journées d'automne (juste avant l'offensive du "général hiver"):


Fleur renaissante - Photo: lfdd

La fleur vit, en ces jours de fin d'automne et dit son plaisir - et son risque - de vivre. Les bougeons qui ont percé ces jours derniers ont dû sentir un pincement très fort les dernières nuits... Et les feuilles rouge éclatant aussi:


Feuilles rouges - Photo: lfdd

Ce rouge nous renvoie à l'actualité et au TVA qui est fourni aujourd'hui.

Tout d'abord, en regard de l'actualité sanglante, quelques réflexions pour essayer de comprendre et d'agir dans la mesure de nos moyens.
"Comprendre", parce que le mot a fait polémique cette semaine, à différents moments - je vous renvoie à l'écoute de l'émission sur France Inter qui en analyse l'origine d'une de ces politiques ici avec Patrick Cohen et Marine Le Pen (si vous ne voulez pas écouter l'intégralité de l'émission, vous pouvez aller directement à la partie commençant par la question "Votre évolution, notamment sur les libertés individuelles, est-ce que vous maintenez votre opposition à la surveillance d’internet?"

Mais comme le dit Jérôme Ferrari dans un texte paru dans le Monde des Livres du vendredi 20 novembre "Déplorer, maudire, ne pas comprendre" qui commence par "Peut-être sommes-nous entrés en guerre, peut-être sommes-nous entrés en résistance, je ne sais pas." et où il dit "Il est donc nécessaire que l'émotion s'exprime, même maladroitement, mais on ne peut admettre qu'elle le fasse sous la forme coercitive d'une injonction. Car une telle injonction revient à condamner d'avance comme complice ou criminel tout effort d'exercice du jugement. On assiste, comme c'était le cas déjà en janvier, à un renversement aberrant de la maxime spinoziste: il nous serait permis de rire, déplorer et maudire, mais en aucun cas de comprendre. Car "comprendre", bien sûr, c'est "excuser" - et on a honte, dans un pays qui a une si haute opinion de sa stature intellectuelle, de devoir écrire que cette équivalence est d'une insondable stupidité."  

Le Monde, dans ce supplément nous aide à comprendre en partageant des textes qu'ils ont demandés à des écrivains qui réagissent et commentent suite aux derniers événements.
Je vous renvoie aussi au texte de Christine Angot "La Belle Equipe" où elle nous raconte l'histoire suivante:
"En 1822, à Baltimore, on donne au théâtre une représentation d’Othello, la pièce de Shakespeare. On demande à un soldat de se mettre en faction dans la salle, il doit veiller au bon déroulement des choses, comme le ferait un vigile. C’est une histoire vraie. Elle nous a été racontée par Stendhal. Les faits sont réels. Donc, en 1822, la représentation d’Othello commence. Le soldat a un fusil à ses pieds, il surveille la salle. Il est là pour ça, c’est son travail. En même temps, il regarde la pièce. Et, quand Othello, fou de jalousie, se jette sur Desdémone, le soldat prend son fusil et tire. Un Noir se jette sur une jeune femme blanche, le soldat a son fusil, c’est immédiat, il saisit son arme, il tire sur l’acteur de la pièce, l’acteur est touché, c’était un tir à balles réelles. L’acteur ne meurt pas, mais il est blessé.
La même chose a eu lieu chez nous, amplifiée, et préméditée. Au Bataclan, on donnait, vendredi 13 novembre, un concert d’un groupe californien, The Eagles of Death Metal. Ils étaient en train de jouer quand les soldats de Daech ont tiré. Comme si la musique métal risquait de leur transpercer les yeux, et qu’au Bataclan la scène n’était pas musicale et fictive, mais réelle. De la même façon que les dessinateurs de « Charlie » étaient en train de dessiner quand les frères Kouachi ont tiré."

Cet épisode trouve son écho dans les pièces chorégraphiques vues cette semaine à Pôle Sud et dont j'ai parlé vendredi: "Le pouvoir du corps, le corps du pouvoir" mais aussi dans le texte de Richard Ford,toujours dans Le Monde des Livres, en première page dans l'article "Une nouvelle urgence langagière" qui cite Salman Rushdie qui cite Richard Wright: "Jadis, en Amérique, les Noirs et les Blancs se sont livrés à une guerre sur la nature de la réalité. leurs représentations étaient incompatibles... il a fallu trouver de nouveaux termes pour rendre compte du monde avant de le changer."  


Pour revenir sur le texte du spectacle "My Majesties", en l’occurrence celle du premier président noir des Etats-Unis, à qui l'on donne le Prix, je vous invite aussi à y réfléchir en vous soumettant un extrait "Nous devons tout d’abord admettre une dure vérité : nous n’allons pas éradiquer les conflits violents de notre vivant." 
Je vous invite à en lire le texte ici, sur le site de Voltaire (dont je ne partage pas forcément les opinions)... et à vous demander comment il justifie la guerre...

Pour ne finir avec tous ces textes, un chiffre: 93% et la réponse après la photo:

Feuille d'érable rouges sur bleu - Photo: lfdd

Cette photo, des feuilles d'érable rouges sur fond bleu renvoient à un objet ici doublement symbolisé, le drapeau, d'une part le drapeau du Canada, cette feuille d'érable rouge, et du côté français, le bleu et le rouge du drapeau (dont le blanc - symbole de la paix est absent), et nous ramène au chiffre et à l'actualité - et à son questionnement: 93% des français interrogés dans un sondage publié aujourd'hui affirment être attachés au drapeau bleu-blanc-rouge.
La société qui commercialise ces drapeaux a d'ailleurs vu ses ventes exploser - arrivant au niveau historique des ventes qu'elle a connue lors de la Mort du Général De Gaule ! 

Nous pouvons également nous interroger sur le "fleurissement" - ou plutôt la "coloration" des photos de profils Facebook avec ces nouveau gadget tricolore dont la finalité économique est, à notre insu d'analyser le degré de relation et de persuasion de chacun de nous vis-à-vis de son réseau d'amis. Sachez cependant que des négociations sont en cours pour protéger votre vie privée (espérons que cela soit suivi de résultats) en interdisant l'exportation vers les Etats-Unis de vos données privées (normalement protégées par la loi "Informatique et Liberté" française) - voir ici: "La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a suivi à la lettre les recommandations de son avocat général dans l'affaire Schrems, et décidé d'invalider le régime du Safe Harbor qui permettait aux entreprises américaines d'importer aux USA des données personnelles de citoyens européens."

Pour finir sur le drapeau français en littérature et en histoire, sur le site de la présidence de la République Française, nous pouvons lire:
"A plusieurs reprises, le drapeau tricolore fut menacé. Le 25 février 1848, lors de la proclamation de la République, les insurgés veulent un drapeau totalement rouge. C'est Lamartine qui, en homme politique harangua la foule et en poète sut trouver les mots pour sauver le drapeau national
"...le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. [...] Si vous m'enlevez le drapeau tricolore, sachez-le bien, vous enlevez la moitié de la force extérieure de la France, car l'Europe ne connaît que le drapeau de ses défaites et de nos victoires dans le drapeau de la République et de l'Empire. En voyant le drapeau rouge, elle ne croira voir que le drapeau d'un parti ; c'est le drapeau de la France, c'est le drapeau de nos armées victorieuses, c'est le drapeau de nos triomphes qu'il faut relever devant l'Europe. La France et le drapeau tricolore, c'est une même pensée, un même prestige, une même terreur au besoin pour nos ennemis."
Alphonse de Lamartine

Et pour ne pas finir sans chanson, je vous offre le dernier clip de David Bowie (qui fait penser au spectacle de Lisbeth Gruvez cité plus haut:




Et pour ceux qui sont nostalgique (ou ne supportent pas de regarder un clip de plus de 9 minutes, le tube "Heroes" où nous pouvons croire que nous serons des héros, ne serait-ce qu'un seul jour et gagner !




"I, I will be king
And you, you will be queen
Though nothing will drive them away
We can beat them, just for one day
We can be Heroes, just for one day

And you, you can be mean
And I, I'll drink all the time
'Cause we're lovers, and that is a fact
Yes we're lovers, and that is that

Though nothing, will keep us together
We could steal time,
just for one day
We can be Heroes, for ever and ever
What d'you say?

I, I wish you could swim
Like the dolphins, like dolphins can swim
Though nothing,
nothing will keep us together
We can beat them, for ever and ever
Oh we can be Heroes,
just for one day".


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

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