dimanche 3 avril 2016

La vie n'est qu'une parenthèse entre deux improvisation - Imre Kertész

Le TVA du jour est un hommage à un grand écrivain, doué d'humour qui vient de mourir ce jeudi 31 mars à Budapest.
C'est le premier écrivain prix Nobel hongrois qui a tenu à écrire dans sa langue et rester dans son pays pour décrire sa vie de l'intérieur.


Jonquilles et tulipes - Photo: lfdd

En quelques phrases, des bribes de ce qu'il dit devraient vous donner envie de lire ses livres....
 «Ce qu’il contient d’autobiographique, c’est l’omission de tout élément autobiographique dans l’intérêt d’une fidélité supérieure», Imre Kertész - Journal de galère (Actes Sud, 2010)

«Il a fallu survivre aux nazis. A l’époque bolchevique, il n’y avait aucun espoir de survie : le système ne semblait pas devoir disparaître un jour. Pourtant je n’ai jamais accepté son existence. Je ne me suis pas inséré dans sa pensée, je n’ai pas pratiqué son langage, je ne me suis pas installé dans ce qu’on appelle la vie normale […]. Je vis maintenant pour la première fois dans un monde qu’on peut dire réel. Comment est-il ? Absurde, lui aussi ; mais au moins son absurdité est-elle réelle.»

«Au cours de ces années j’ai pris conscience de la nature véritable de mon travail qui n’est fondamentalement rien d’autre que de creuser, continuer et finir de creuser cette tombe que d’autres ont commencé à creuser pour moi dans les nuages, dans les vents, dans le néant.»

«Le suicide qui me convient le mieux est manifestement la vie» (en 1974). C’est le même homme, épuisé, à la fin de l’Ultime auberge, qui constate : «J’ai réussi tout ce à quoi j’ai aspiré dans la vie, et ces succès montrent que j’aspirais à mon propre anéantissement.» On n’ira pas chercher de consolation chez le Hongrois, mais quelques leçons d’histoire, de courage et de littérature : «L’importance inestimable du roman : c’est un processus grâce auquel on se réapproprie sa vie.» 

Ces extraits - et d'autres - vous les retrouverez dans l'article de Claire Devarrieux KADDISH POUR KERTÉSZ dans Libération


Dans son livre "Etre sans destin"  il dit: «Il fallait faire comprendre que l’Holocauste ne se résume pas à une guerre entre Allemands et Juifs, nous avait-il confié. L’enjeu, au contraire, c’est la civilisation dans laquelle l’Europe a grandi. Or, depuis Auschwitz, cette civilisation n’est plus valide. Et l’avenir n’est envisageable que si l’Europe accepte ce fait : l’Holocauste n’est pas seulement l’œuvre des Allemands, c’est toute la civilisation européenne qui s’y reflète. C’est ce que j’ai plus tard appelé “l’universalité de l’Holocauste”. […] «Tout un monde, toutes les valeurs d’une civilisation se sont échouées à Auschwitz. C’est cela qui fait la différence entre Auschwitz et les autres génocides : toute la culture européenne, nommons-la culture chrétienne, est touchée.» Mais, ajoutait-il, «l’Europe doit accepter Auschwitz et continuer de vivre avec. C’est une lutte, mais c’est la seule façon de poursuivre l’histoire, de surmonter la barbarie.»

La suite dans l'article de Coralie Schaub: IMRE KERTÉSZ : POST-SCRIPTUM


Bonne Lecture

La Fleur du Dimanche 

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