mercredi 15 mars 2017

Sombre Rivière de Lazare au TNS: construire des ponts où l'on y chante

Lazare est un personnage de théâtre.... qui fait du théâtre... à part.
Son parcours est instructif : Ayant appris tard à lire et écrire, vivant dans la cité de Bagneux, il découvre le théâtre via le Théâtre du Fil (théâtre de la Protection judiciaire de la jeunesse).
Et ce sera Stanislas Nordey qui lui ouvrira les portes du théâtre en l'embauchant comme... ouvreur !
Et le pied à l'étrier, il crée, écrit et joue depuis les années 2000.


Sombre Riviere - Lazare - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez


Son triptyque - Passé – je ne sais où, qui revient (2008), Au pied du mur sans porte (2011), qui passe au festival d'Avignon en 2013 et Rabah Robert, '2012), pièces qui interrogent et parlent à la fois de ses proches, son environnement, son passé et son histoire et l'histoire de son pays, l'Algérie, mais également les auteurs qui l'ont marqué (Pessoa, Büchner, Beckett, Tchekhov, Maeterlinck,..) lui a apporté une reconnaissance à la foi critique et publique.


Sombre Riviere - Lazare - TNS


Sa dernière pièce, "Sombre rivière" qui passe actuellement au TNS*, marque une conclusion et un changement dans ce cycle. On y sent encore un retour à cette histoire, avec l'histoire de l'Algérie, les massacres de Sétif et Guelma en 1945, sa mère, et les personnages récurrents, Libellule, entre autres, mais aussi une rupture, conséquence de l'actualité aussi.

D'une certaine manière, Lazare est un visionnaire, il annonçait les événements les crises qui ont fini par avenir, mais en réaction, il crée ce spectacle dans lequel il refuse cet état de "séparation" dans lequel nous sommes arrivé. Il veut construire des ponts. Permettre de rencontrer l'autre dans la joie.
Et de la joie il y en a. Le spectacle est enjoué, festifs, ludique, entraînant, rythmé, léger quelquefois et surtout musical, même dans sa théâtralité. De par son style presque surréaliste, de collage slam de poèmes, scandés, dansés, rythmés ou chantés, il nous entraîne dans une farandole qui cherche à nous faire oublier la différence et nous entraîne dans des tableaux et des scénettes qui passent à toute allure en nous rendant joyeux. Même s'il nous rappelle les morts - cette mort qui vient nous hanter et nous emmener sans qu'on soit d'accord - qu'ils soient de 1945 ou que ce soient les victimes récentes, dont l'ombre planent sur la pièce, il fait de ce spectacle une catharsis.



Sombre Riviere - Lazare - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez

Comme le dit Lazare:
"Le théâtre est avant tout une manière de peupler les solitudes des mondes à venir ou des mondes déjà passés et de réentendre des voix du temps passé qui se mélangent avec celles du présent. C'est l'endroit où l'on fait parler les morts, les disparus. C'est l'endroit aussi d'une fête où le poème se donne en partage et peut être entendu parce qu'il est posté par des êtres vivants."
Et vivants, ils le sont grâce à la poésie débridée et iconoclaste, grâce à une troupe magnifique et multi-talent - dont le moindre est de savoir chanter en nous remuant les tripes - et de musiciens qui nous entraînent dans leurs chansons au rythme de la danse.


Sombre Riviere - Lazare - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez

Pour conclure, je laisse la parole à Lazare:
"Je suis fils de pauvre je devrais m'éclairer au soleil, non je veux être joué dans les salles, je me suis cramponné, j'ai glissé, je suis revenu... jeté, rejeté... Un lac dans le désert, mes paupières sont ouvertes vers l'immense amour, je suis du sexe des formes rêvées, tantôt simple profil de l'avenir, tantôt acte final pour trouver la contention d'un soleil couchant."    


Sombre Riviere - Lazare - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez

Et pour vous donner un avant-goût de ce qui vous attend, la bande annonce:





Petit bonus (qui n'est pas dans le spectacle, bien sûr, mais Olivier et Mourad de La Rue Ketanou y sont, une prestation qu'ils ont faite lors d'un précédent passage en Alsace au festival Basse Zorn en 2013: "Les mots":





Bon Spectacle

La Fleur du Dimanche


Sombre Rivière
Au TNS à Strasbourg, 
Jusqu'au 25 mars 2017

PRODUCTION

Texte et mise en scène Lazare
Avec Anne Baudoux, Laurie Bellanca, Ludmilla Dabo, Julie Héga, Louis Jeffroy, Olivier Leite, Mourad Musset, Veronika Soboljevski, Julien Villa
Collaboration artistique Anne Baudoux, Marion Faure
Lumières Christian Dubet
Scénographie Olivier Brichet en collaboration avec Daniel Jeanneteau
Costumes Marie-Cécile Viault
Son Jonathan Heig
Vidéo Lazare
Chef opérateur Robin Fresson
Direction de chœur Samuel Boré
Assistanat général Marion Faure
Assistanat musical Laurie Bellanca
Assistanat à la scénographie Émile Fofana

Régie générale Hugo Hazard
Régie vidéo Romain Tanguy

Avec la participation filmée d’Ouria et d’Olivier Martin-Salvan

Production Théâtre National de Strasbourg, Compagnie Vita Nova
Coproduction MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Le Grand T – Nantes, Le Liberté - scène nationale de Toulon, Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine
Avec le soutien du Canal 93  et de La Colline - théâtre national pour les résidences de création
Remerciements au Festival d'Avignon

Création le 14 mars 2017 au Théâtre National de Strasbourg

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